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Droit municipal

Un conseil municipal peut-il être de mauvaise foi ?

10 février 2025

Moukhtar, Louis-Joseph

Article par :
Louis-Joseph Moukhtar

Les décisions prises par les municipalités bénéficient d’une présomption de bonne foi, un principe bien établi en droit québécois. Cela signifie que les tribunaux considèrent, par défaut, que les actions des conseils municipaux sont motivées par l’intérêt public et non par des intentions malveillantes ou personnelles. Pour renverser cette présomption, la partie qui accuse une municipalité de mauvaise foi devra fournir une preuve suffisamment convaincante. Ce fardeau de la preuve est particulièrement exigeant, car il ne suffit pas de simplement soupçonner une mauvaise intention. Il faut démontrer de manière claire et tangible que la majorité des membres du conseil municipal ont agi de manière malhonnête ou illégitime.

Cette exigence reflète la complexité du rôle des tribunaux lorsqu’ils sont appelés à juger des décisions prises par des élus locaux. En effet, les conseils municipaux sont considérés comme les mieux placés pour déterminer ce qui sert l’intérêt public, étant donné leur proximité avec les citoyens et leur connaissance approfondie des enjeux locaux. Le droit reconnaît depuis longtemps que les élus municipaux disposent d’une marge de manœuvre discrétionnaire pour évaluer et définir l’intérêt public. Ainsi, un acte réglementaire adopté dans cet intérêt ne peut être qualifié de mauvaise foi, même si certaines parties prenantes sont en désaccord avec la décision.

Lorsqu’un projet de règlement est adopté par une municipalité et que ses objectifs sont clairement énoncés, sans être contredits par des preuves démontrant le contraire, les tribunaux ne se substituent pas à la municipalité pour réévaluer la pertinence politique de la décision. En d’autres termes, il n’appartient pas aux tribunaux de remettre en question l’opportunité des choix politiques faits par les conseils municipaux, à moins que ces choix ne soient manifestement contraires à la loi ou qu’ils aient été pris de manière arbitraire ou discriminatoire.

Ce principe souligne l’importance de la séparation des pouvoirs et du respect des prérogatives des élus locaux. Les tribunaux interviennent principalement pour s’assurer que les décisions municipales respectent les règles de droit et les procédures établies, mais ils ne se prononcent pas sur le bien-fondé des politiques publiques, sauf en cas de preuve flagrante de mauvaise foi ou d’illégalité. Cette approche permet de préserver l’autonomie des municipalités tout en garantissant que leurs décisions restent encadrées par des principes juridiques fondamentaux.

En somme, la présomption de bonne foi accordée aux décisions municipales est un pilier essentiel du droit. Elle protège les élus locaux contre des accusations infondées tout en exigeant des preuves solides pour toute allégation de mauvaise foi. Cela renforce la confiance dans les institutions locales et rappelle que les tribunaux jouent un rôle de contrôle, mais non de substitution, dans l’évaluation des décisions prises par les conseils municipaux. Cette balance entre autonomie locale et contrôle juridique est cruciale pour maintenir un équilibre sain entre les pouvoirs et les responsabilités des différentes institutions.

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